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Le Théâtre de la Choucrouterie s’est voulu laboratoire et pépinière. « Si l’on ne plante pas nos propres salades, il faudra en importer » reste la devise de son directeur Roger Siffer. De tremplins en « katapults », de créations de personnages burlesques en portraits historiques, de traditions en théâtres de recherche, de cabarets satiriques en théâtralisations musicales, de folklores en écritures dialectales contemporaines, en toutes les langues parlées ici, les artistes choucroutiens ont exploré et mis en chantier tout ce qu’il était possible de faire et même davantage.

Historiquement, une véritable fabrique de choucroute occupait ce lieu avec sa cour avant d’être transformée en cabaret.

Qui l’eût cru lorsque, au début des années 80, Roger Siffer, qui cherchait un endroit pour produire des spectacles, découvrit – interloqué mais séduit – un étrange bâtiment, plein de charme, de travaux à faire et d’odeur de… choucroute ! Il fallut démolir des vieilles cuves,  restructurer, relooker, restaurer pour créer en 1984 le Restaurant-Théâtre de la Choucrouterie, un lieu mythique qui est pour les Alsaciens ce que « Preservation Hall », à la Nouvelle Orléans, est pour les amateurs de jazz !  Roger Siffer y réinventera une tradition qui appartient à l’Alsace depuis la nuit des temps : le cabaret.

Avec ses 2 petites salles de spectacles (71 et 98 places), la Chouc’ comme l’appellent les gens qui l’aiment, séduit pourtant plus de 20000 spectateurs par an. Et cela avec en moyenne plus de 300 représentations à l’année.

Si les genres et les styles se bousculent, la Chouc’ s’est surtout fait connaître pour son cabaret, ses satires et son regard original sur l’actualité. L’Alsace est une terre de rire. On y aime la dérision et surtout l’autodérision.

C’est dans une ambiance intimiste et de proximité avec les comédiens que vous découvrirez des spectacles en français, en allemand et en alsacien créés par toute une équipe de professionnels régionaux.

Roger Siffer, meneur de troupe

Personnage truculent maniant volontiers l’humour féroce comme une arme, apparaissant en général là où on ne l’attend pas, il a toujours refusé la confortable position de vedette alsacienne. Il brandit ses slogans comme une massue : «Nous sommes des Indiens de l’Europe».

À ses débuts de chanteur, il puisait largement dans les traditions, collectant les chansons de rues, se faisant accompagner sur scène par des instruments anciens. Ce travail est présent dans ses 7 disques et dans de nombreuses compilations. Néanmoins, Roger Siffer a très rapidement refusé de se confiner dans la torpeur rassurante et poussiéreuse de l’histoire. Aussi, le protestsong, la chanson engagée, a pris le pas sur le folklore. Mais, la militance est désabusée : «Je ne suis pas un missionnaire en chaussettes blanches». De plus, Roger a toujours eu envie de dépasser l’histoire pour ne pas se complaire dans la nostalgie de bon aloi. Il a choisi le rire grinçant, l’exagération abusive et une naïveté qui ne trompent personne.

Ses spectacles sont, à la fois sérieux et drôles, tristes et gais, visuels et musicaux, irrévérencieux et philosophiques. C’est un décapage du passé et du présent, de l’histoire d’ici et d’ailleurs.

Ceci étant une bio, précisons tout de même que Roger est né en 1948 à Villé, dans la plus belle des vallées du monde, qu’il fit des études de philosophie sans éclat (licence et demie-maîtrise), et qu’il vint à chanter sa langue maternelle suite à un abus de vin blanc (alsacien s’entend !). Il a fait 7 trente centimètres qui se sont vendus comme des bretzels en Alsace.

Il a également été producteur télé à France 3 pendant 6 ans (variétés et actualités culturelles).

Animateur de l’émission de cabaret satirique «Arrache-moi la Jambe», 2 heures hebdomadaires pendant 10 ans sur Radio France Alsace.

Editeur, il a produit une bonne partie de la chanson alsacienne, il a participé à de nombreux films-télé en Allemagne (avec Percy Adlon entre autres) et en Suisse. Il a édité des calendriers d’insultes, etc…

Auteur d’un livre paru chez Lattès «A chaque fou sa casquette» et de «Morceaux choisis» à la Nuée Bleue, auteur et acteur de 3 comédies ciné-musicales avec Martin Graff (dont «Dieu est alsacienne»). Chanteur à travers le monde : au Congo en 1989, en Inde, au Japon, en Thaïlande, en Corée et en Chine en 1990, en Syrie en 1994 et 1995 et dans presque tous les pays d’Europe.
Comédien depuis 1983 («Le Petit Prince», «Histoires Extraordinaires», «Schnug», «Professor Knatschké»)

Il a écrit des chroniques, Glossen et commentaires hebdomadaires pour Radio Victoria (Allemagne 1991-1993), SWF Fribourg (Allemagne 1993-1997), SR Saarbrücken (Allemagne 1993-1997). Il a tenu le rôle principal dans la «dramatique» radio Hutzelmann (série pour enfants) au SDR Stuttgart (Allemagne 1994-1997).

Comédien dans des feuilletons radio («Hörspiel» pour SWF Baden Baden et Fribourg (Allemagne).

Prix du journalisme franco-allemand en 1984.

Il a fondé le Théâtre de la Choucrouterie en 1984 et occupe toujours le poste de directeur. Ce lieu accueille plus de 20 000 spectateurs chaque saison. D’innombrables spectacles y ont été créés : «Vizavi» d’après Karl Valentin, «D’r Theatermacher» de Thomas Bernhard, «Peep Show in de Vogese» de Markus Köbeli, «D’Nacht grad vor em Wald» de Bernard-Marie Koltès, «D’Mamsell Maire» et bien sûr les revues satiriques en alsacien et en français…

Depuis plus de 35 ans, Roger et toute sa troupe partent en tournée d’été, les premières années en roulotte, pour sillonner les villes et les villages d’Alsace. Chaque année, ce spectacle mêle des sketches et des chansons multilingues selon une thématique définie avec, en final, une quête à l’ancienne. En effet, les artistes passent dans le public qui remplit de grands paniers avec des œufs, du schnaps, du lard et autres nourritures terrestres…

Grand prix 2002 de la musique traditionnelle.

Officier des Arts et des Lettres en décembre 2004.

Prix Nathan Katz du Patrimoine 2016 pour la traduction française de la pièce de Georges-Daniel Arnold “Der Pfingstmontag”, “Le Lundi de Pentecôte” en collaboration avec Susanne Mayer.

Et dire qu’il rêvait de devenir majorette et faire du twirling bâton…